Le Renouveau d’Evangelion

Deuxième pensée

Mort & Renaissance

" D'où venons-nous ? "


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Le 29 novembre 2015
Bureau du Commandant Ikari
 
 

" Major Katsuragi, la démesure de votre entêtement à mêler vos sentiments à un projet dont l’enjeu est la sécurité nationale fait peur.
- La sécurité, vous dite ? "
Quelques heures seulement après le départ de Shinji, celle qui pouvait être considérée comme sa dernière amie devait régler des comptes.
Ikari Shinji, le Troisième Qualifié, le pilote exclusif de l’unique Eva encore en état de fonctionner avec fiabilité, était parti.
Et elle l’avait laissé faire.
Pire, elle l’avait félicité, mais ce détail n’était pas censé être de la connaissance de l’homme qui se tenait en face d’elle, le propre père de l’enfant, Gendô.
C’est lui qui venait de convoquer le major, et ce qu’il lui disait n’était agréable pour personne.
" Etes-vous prête à endosser la responsabilité de ce qui pourrait arriver si nous venions à avoir besoin de Shinji ?
- Ne soyez pas ridicule.
- Shinji est le seul apte à piloter Evangelion.
- Et puis quoi, encore ? !
Parce que vous comptez utiliser ce monstre à nouveau ?
- Ce " monstre " a été conçu à une époque où seul comptait le destin que nous prédisaient les Manuscrits de la Mer Morte. Mais les temps ont changé. Les Eva sont désormais la propriété de la Nerv, et je vous pris de vous mettre tout de suite en tête qu’il n’est pas de votre ressort de décider de leur réactivation.
- Si vous essayez de me dire que les Eva n’ont encore jamais vraiment servies, c’est raté : je sais pertinemment que vous m’avez toujours menti, pourquoi est-ce que vous changeriez aujourd’hui ?
- Les Eva ont encore une raison d’exister. Et nous avons besoin de pilote.
Mais ce n’est pas comme si Shinji n’était plus sous notre observation.
- Que…
Vous ne le laisserez jamais tranquille. Comment savez-vous où il est ?
- Nous sommes…au courant.
- Salaud ! "




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Appartement de Misato
 
 

Misato ne supportait pas l’idée que Shinji puisse être observé à son insu.
Cela faisait une heure qu’elle faisait les cent pas chez elle, à se demander si elle devait ou non prévenir le garçon.
Il avait le droit d’être informé, c’était indéniable, mais peut-être préférerait-il ne rien savoir et savourer son petit bonheur tranquille ?
Plus elle y réfléchissait, et plus Misato pensait que ce n’était pas la meilleure idée, mais quand elle en eut assez de son indécision, elle choisit de ne pas se manifester.
‘Shinji m’en voudra peut-être, mais peut-être pas.
Quitte à ne jamais le revoir, je prends le risque’.
 







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Assemblée extraordinaire de la Seele.
 
 

(Anonyme 1) " La situation est critique.
Selon nos informateurs, le Témoin aurait disparu.
Le fait a été rendu "public" il y a une heure . Nous avons de bonnes raisons de penser que l’élément a quitté Tokyo-3. Il peut être n’importe où, à l’heure qu’il est.
(Anonyme 2) - C’est très embêtant.
(Anonyme 1) - Toujours selon nos informateurs, la seule personne qui aurait une idée précise de sa destination ne serait autre que le major Katsuragi.
(Anonyme 3) – Voilà qui simplifie le problème. Le major fait partie des individus en observation permanente. Il n’y a qu’à vérifier ses communications téléphoniques, elle finira bien par reprendre contact avec le Témoin. Au besoin, il n’y aura qu’à l’y pousser.
(Anonyme 1) – C’est ce point qui est troublant. Je fais confiance à Ikari pour inciter son agent à entreprendre un tel appel. Or il se trouve qu’une demi-journée s’est probablement écoulée depuis l’événement, et elle ne s’est toujours pas exécutée.
Soit Ikari n’a pas adopté cette stratégie, soit Katsuragi ne contactera jamais notre personnage.
(Anonyme 4) – Il est indispensable de parer à une telle éventualité.
Quel autre élément pourrait nous permettre de juger de l’évolution du Plan ?
(Anonyme 3) – Vous voulez parler du projet Ayanami ?
(Anonyme 4) – Exactement. Il s’agit là d’un substitue à plus d’un niveau.
Le concept du Dummy System ne vous interpelle-t-il pas ?
Le Témoin a été désigné d’une façon arbitraire, non ?
Désignons un autre Témoin. Désignons l’élément Ayanami !
(Anonyme 1) – Cela ne cause-t-il pas un problème ?
Est-il nécessaire de vous rappeler combien Ikari est attaché à cette chose ?
N’avons-nous pas à craindre une réaction ?
(Anonyme 2) – Justement. Donnons un coup de pied dans la fourmilière.
Un peu d’agitation nous permettra peut-être de remettre la main sur le Témoin.
Quelqu’un a-t-il une objection ?
(Anonyme 4) – Un vote n’est pas utile. Appliquons directement la stratégie qui nous permettre d’accomplir le Plan. "




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Un train quelconque
 
 

Shinji, pensif, s’amusait à détailler les paysages qui défilaient.
Il était dans le train depuis un moment, déjà.
Il s’en voulait d’avoir brusqué son oncle, mais il était indispensable pour eux de disparaître. Il était prévisible que l’enfant allait revenir à son ancienne vie, et déménager était bien le moins qu’il pouvait faire pour éviter que le service de sécurité de la Nerv ne le retrouve trop rapidement.
‘C’est étrange’, se disait-il. ‘Pendant presque un an, je n’ai rien fait d’autre que piloter des Eva.
Tout ce que j’ai pu faire d’autre était systématiquement lié à Evangelion.
Je vivais sous le toit de celle qui m’encourageait toujours à piloter, mon père était le pire de tous, et même mes amis auraient pu être autant de Qualifiés potentiels.
Est-ce vraiment tout ce à quoi j’ai servi ?’
L’enfant était tout à coup terriblement angoissé.
‘Et si ils s’étaient servis de moi ?
Peut-être pour…
Comment disaient-ils déjà ?
Pour ce Plan de Complémentarité ?’
L’évocation du projet provoqua une vive douleur dans l’esprit du garçon.
Il poussa un cri.
Il se serait effondré, terrassé, si seulement il avait encore eut un corps…
Au lieu de cela, il se trouvait dans…
…le Néant ?
C’était peut-être le mot qui convenait le mieux.
Et une voix se fit entendre :
" Shinji-kun ? "




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Entrée de la chambre de Rei
 
 

Un appartement anodin. Un peu en désordre, c’était vrai.
Mais c’était sa chambre, après tout.
Pas un endroit agréable.
Un endroit où il faut vivre.
Est-ce que vivre est agréable ?
Un endroit nécessaire.
Est-ce que vivre est nécessaire ?

Ayanami était totalement blasée de ces réflexions, et elle y mit un terme.
D’ailleurs, elle arrivait.
Rei ne fermait jamais la porte de sa chambre.
C’était quelque chose d’inutile, dans le sens où il n’y avait rien chez elle que quiconque puisse vouloir convoiter.
Il y avait quelqu’un chez elle, qui attendait.
C’était déjà la quatrième fois que cela arrivait.
La première fois, c’était Shinji, qu’elle avait mis au dépourvu alors qu’elle sortait de la douche. Shinji était revenu avec un camarade, une autre fois.
Et puis, il y avait eu Gendô…
Mais l’adolescente n’aimait pas se rappeler les mots qu’ils avaient échangés cette fois-là.
La personne qui se tenait devant elle lui était totalement inconnue, mais elle se doutait qu’il n’était pas là pour rien.
" Elément Ayanami ?
- Elément ?
Je suppose que vous voulez parler de moi ?
- J’ai ordre de vous emmener en un autre lieu. Veuillez me suivre sans opposer de résistance. "
Rei n’était pas habituée à ce genre de situation.
" Et si je refuse ?
- Vous ne refuserez pas, si ?
- Je suppose que non.
Vous appartenez à la Nerv ?
- Presque. "
‘Un homme de la Seele’, en déduit l’enfant. ‘Espérons que ça n’ait pas un lien avec le départ de Shinji-Kun…’
Et les deux individus quittèrent la chambre.
Rei ne ferma pas la porte à clef.
 




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Siège de la Nerv, Une salle sans intérêt
 

‘Intéressant’ se disait Fuyutsuki.
‘Notre commandant qui exprime quelque chose’.
Gendô n’était pas simplement agacé par les événements : il était traumatisé.
Il avait la tête entre les mains et il hurlait.
Ses paroles n’auraient pas eu de sens pour grand monde.
Il répétait sans cesse les mêmes mots :
" LA DERNIERE ! ! !
C’EST LA DERNIERE ! ! ! "
Fuyutsuki trouvait la situation pour le moins amusante, voire surprenante.
Le kidnapping d’une simple enfant suffirait à ébranler ce mur qu’était le commandant Ikari ?
‘Á moins qu’il n’ait mentit.
Et si le projet Ayanami avait effectivement hérité de l’âme de Yui ?’
Le vice-commandant quitta la pièce alors que Gendô poussait un nouvel hurlement.




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Assemblée de la Seele, autour de l’élément Ayanami
 
 

" C’est vous qu’on appelle les vieillards ? "
Rei était intimidée, mais sa personnalité voulait qu’elle n’en ai pas l’air.
D’un des monolithes noirs, une voix se fit entendre.
"  Quel personnage étrange. Elle fait de l’humour alors qu’on pourrait tout aussi bien la tuer…
- Gendô est un homme de goût, nous le savions. "
Un deuxième monolithe venait de prendre la parole.
Rei réfléchit un instant à ce que l’homme derrière le monolithe venait de dire, mais elle écarta l’idée qui lui venait. Il y avait plus urgent.
" Quoi ?
- Elément Ayanami, vous êtes l’ultime substitut du Dummy System. Quelles réflexions cela fait-il naître en vous ?
- Je…
Pourquoi devrais-je vous répondre ?
- Pourquoi ne le devrais-tu pas ?
- Quand je mourrais, il n’y aura plus d’autres Rei.
- Te sens-tu diminuée ?
- Non. Au contraire.
Je sens l’individu en moi. Mon cœur contient quelque chose.
J’ai un instinct de survie.
- Un instinct de survie ?
– Etes-vous en train de dire que vous n’aviez pas d’instinct de survie avant la destruction du Dummy System ? ", et c’était à nouveau le bloc sombre qui lâchait une question.
L’enfant répondit sans exprimer une quelconque émotion.
"  Qu’en aurais-je fait ?
Grâce à la technologie, Gendô avait le pouvoir de me redonner vie plusieurs fois.
Mon enveloppe charnelle pouvait bien changer, ça restait un tas de chaire sans âme. Mon Moi, lui, survivait.
- Elément Ayanami, pensez-vous aujourd’hui être humaine ?
- Je…
Oui. Il ne pourrait en être autrement.
J’ai un corps humain, une âme humaine. Les gens autour de moi me parlent comme à une humaine.
(Monolithe 2) – Si vous le dite. Il n’empêche que vous n’avez pas été procréée.
(Monolithe 3) – Vous avez été créée.
(Monolithe 2) – Pouvez-vous néanmoins être humaine ? "
C’était gênant de parler à des blocs de pierre, mais le premier Qualifié devait bien faire avec.
" Cela dépend de la définition qu’on donne à l’humanité. "
– Toute forme de vie porte en elle cet instinct de survie dont vous nous parliez il y a un instant.
Cet instinct n’est né chez vous que 14 ans après la création de votre entité corps.
Est-ce que selon cette définition, vous étiez humaine durant ces 14 années ?
Etiez-vous, même, une forme de vie ? Pourquoi pas une simple machine biologique avec un esprit ?
– Et si cela est vrai, qu’est-ce que ça voudrait dire ?
– C’est nous qui posons les questions.
- Vous m’imposez la réponse.
- Je prendrais cela pour un "non". "
Et c’est un quatrième monolithe qui conclut.
"  Passons à autre chose. "
Bien qu’elle ne voyait pas ces étranges êtres qui lui parlait sans ce montrait, Rei restait mal à l’aise. C’était comme si quelque chose cherchait à profaner son âme. Mais elle ne pouvait se permettre de se laisser aller.
Une nouvelle question l’attendait.
" Qu’en est-il de votre religion ?
- Ma religion ?
- Qu’en est-il ?
- Je ne crois en rien.
- D’où viens l’Homme ?
- Il est le fruit de l’évolution d’autres formes de vie animale.
- Et ces animaux ?
- Je suppose qu’en remontant, on peut dire que l’Homme a pour origine les premières formes de vies monocellulaires aquatiques d’il y a plusieurs milliards d’années.
- Et en ce qui concerne ces êtres-là ? "
Rei soupira. Quelle conversation lassante…
" Issus d’un assemblage de composés carboniques, eux-mêmes probablement créés à partir de réactions électrochimiques entre les éléments de bases que composent toute matière dans l’univers.
- Nous sommes d’accord.
Maintenant, je vous pose une autre question.
D’où viens Dieu ?
- Dieu ?
Je suppose que vous voulez parler des croyances des Hommes.
Ce sont ces croyances qui ont créé Dieu.
C’est l’Homme qui a créé Dieu.
- Supposons maintenant que l’on découvre une preuve concrète de l’existence d’un être spirituel…
- C’est possible. Toute création doit pouvoir se vérifier par des preuves tangibles.
- Vous ne trouvez pas cela paradoxal ?
Si les croyances de l’Homme ont créé Dieu, que faire de la certitude de ces mêmes hommes quant au fait que Dieu les a créés ?
- Que voulez-vous dire ?
- J’essaie de vous faire prendre conscience d’une contradiction de la réalité. "
Rei resta un instant silencieuse.
Elle ne voyait pas du tout à quoi pouvait mener cette conversion, ce que la Seele attendait d’elle.
Elle pouvait bien se contenter d’admettre qu’elle n’avait pas le choix quant à sa position, mais une douleur vive s’était à l’instant déclenchée dans son esprit.
Elle s’effondra et poussa un cri.
À une exception prés, tous les monolithes disparurent.
La dernière chose que perçue Rei avant de sombrer dans le coma fut la voix venant de cette pierre noire.
" Elément Ayanami, il est dommage que nous n’ayons pas compris le potentiel que vous représentez plus tôt. "
Et enfin, le Néant…
Le Néant sauf une voie :
" Rei-Chan ? "




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Une des salles de réunion de la Nerv
 
 

Gendô était vraiment mal à l’aise.
Misato n’aurait jamais cru quelqu’un qui lui aurait prédit qu’elle verrait le commandant dans cet état.
L’Homme l’avait convoqué, ainsi que Fuyutsuki, pour réunir des indices sur la position de Rei et sur un éventuel plan de récupération.
" Nous avons un besoin absolu du Premier Qualifié. "
Gendô regardait ses deux subalternes.
" Shinji est rentré chez lui, Dieu seul sait où. "
Cette fois, il fixait précisément le major.
‘Où est-il donc ?’ semblait demander son regard.
" Et Asuka ne semble pas pouvoir sortir de l’hôpital psychiatrique avant un moment.
Ce qui veut dire que nous n’avons AUCUN pilote pour Eva-01 en cas d’urgence !
- Est-ce là ce qui vous préoccupe le plus, commandant ? ". La femme se doutait évidemment du contraire.
"  BIEN SUR ! ! ! "
Le regard de l’homme était presque chargé de haine.
‘Marchons sur des œufs’ réfléchit Misato et, bien qu’elle ne puisse le deviner, le vice-commandant s’était fait la même remarque.
" La chambre du pilote " reprit Gendô, " n’est pas plus en désordre qu’elle ne le devrait.
Si c’est un kidnapping, et je suis persuadé que c’en est un, alors soit elle n’a pas opposé de résistance, soit cela s’est passé en dehors de son appartement.
Major ?
- Je suis passé par les rares endroits qu’Ayanami traversait. Aucun indice.
- Vice-commandant ?
- Je suis de votre avis. Elle se serait laissé emmener.
- Bien.
Le service de sécurité de la Nerv travaille d’arrache-pied pour voir qui a fait ça, mais inutile de préciser que tous les soupçons se portent sur la Seele.
- Et j’imagine qu’ils ont nié être au courant de l’affaire … ",

Silence gêné des deux hommes.
Misato avait déjà la certitude d’avoir dit une bêtise quand Fuyutski lui expliqua la cause du malaise.
" La Seele est injoignable.
Il n’a jamais été question pour la Nerv de contacter les vieillards. Les communications se sont toujours faites à sens unique.
En fait, nous n’avons aucun moyen de les trouver.
- Incroyable !
Est-ce là la puissance de la Nerv ?
- Cela suffit ! ", imposa Gendô en frappant la table du poing.
Puis, il se tût un moment.
" J’en fait une affaire personnelle.
J’espère simplement qu’elle est toujours en vie… "




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" Shinji-Kun ? "
Un monde sans perception, sauf une voix.
"  Qui est là ? Qui m’appelle ?
- Est-ce important ?
- Quand même ! Oui !
- N’as-tu pas sentis une douleur dans ton esprit ?
- C’est vrai !
- Sais-tu quelle en est la cause ?
- Non.
- Tu viens de réaliser un paradoxe de la réalité.
- Un quoi ?
- Quel est-il ?
- Le paradoxe ? La contradiction ?
Ce sont les gens.
Ils souhaitent des choses qui n’ont pas de sens.
Cela fait un an que je fais quelque chose, et je comprends aujourd’hui que ma tache était très différente.
Et il y a autre chose.
Ça concerne la façon dont je me sens.
Je me sens triste d’avoir tué un ami, et en même temps je devrais être heureux de l’avoir fait. Il voulait que je le tue !
- Cela n’est effectivement pas cohérent.
- Est-ce que vous allez m’expliquer ?
- D’autres hommes ont développé un grand projet.
- Vous parlez du Plan de Complémentarité de l’Homme ?
- Grâce au Plan, tu vas pouvoir résoudre cette incohérence dont tu viens de me parler.
- Comment ça ?
- Mais l’heure n’est pas encore venue.
Ta responsabilité sera lourde. Tu as encore un peu de temps pour réfléchir…
- Mais réfléchir à quoi ?

Vous êtes encore là ? "
Mais la voix s’était éteinte. La douleur dans son esprit également.
Et il était à nouveau dans le train.
‘Je vais pouvoir résoudre une incohérence ?
Mais qu’est-ce que ça veut dire ?’




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Assemblée de la Seele
 
 

(Anonyme 2) " La Seele est très présente, dans cette fanfiction.
(Anonyme 1) – C’est normal, elle est seule à détenir les informations nécessaires à la compréhension de l’univers d’Evangelion.
(Anonyme 2) – Cela ne doit pas nous dispenser de tenir des propos ayant un sens.
Venons-en aux faits.
(Anonyme 4) – Le cas Ayanami est très intéressant. De la destruction du Dummy System est née sa volonté de vivre. Destruction contre créaction…
(Anonyme 3) – Il est clair que l’élément Ayanami vient de réaliser une incohérence de la Réalité. Elle va donc entrer en contact avec celle-ci et tenter de résoudre le paradoxe.
(Anonyme 2) – Il ne fait aucun doute qu’une scientifique sans âme comme elle saura choisir la mort de Dieu.
(Anonyme 1) – Que se passerait-il s’il n’en était rien ?
(Anonyme 2) – Ça serait le début d’une ère spirituelle, ce que nous voulons éviter à tout prix. Notre objectif est la mort du paradoxe, mais cela ne nous empêche pas d’avoir des préférences.
Un univers scientifique est plus facile à contrôler.
(Anonyme 1) – Est-ce un risque que nous pouvons prendre ?
(Anonyme 3) – Sûrement pas. C’est pourquoi il nous faut anticiper ses réactions. "




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" Rei-Chan ? "
Un monde sans perception, sauf une voix.
" Qui es-tu ?
- Est-ce important ?
- Je suppose que non.
- N’as-tu pas sentis une douleur dans ton esprit ?
- C’est donc toi…
- Sais-tu quelle en est la cause ?
- Peut-être es-tu là pour me l’expliquer ?
- Tu viens de réaliser un paradoxe de la réalité.
- C’est vrai.
- Quel est-il ?
- L’Homme a fait naître son Créateur.
L’Homme a créé Dieu, et Dieu a créé l’Homme.
- Cela n’est effectivement pas cohérent.
- Peut-être la réalité n’est-elle pas cohérente.
- D’autres hommes ont développé un grand projet.
- Pourquoi ont-ils fait cela ?
- Grâce au Plan, tu vas pouvoir résoudre cette incohérence dont tu viens de me parler.
- J’aurais ce pouvoir ?
- Mais l’heure n’est pas encore venue.
Ta responsabilité sera lourde, alors tu as encore un peu de temps pour réfléchir…
- Ma responsabilité…
Pourquoi devoir faire un choix ? "
Mais la voix s’était éteinte. La douleur dans son esprit également.
Rei reprenait connaissance dans une pièce vide de toute issue.
Un garçon ressemblant étrangement à Kaoru se tenait à côté d’elle.
‘Du temps pour réfléchir…
Encore faudra-t-il qu’on me le laisse…’
Le garçon prit la parole.




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Conversion téléphonique de Misato vers la future résidence de Shinji
 
 

" Allo ?
Shinji est-il là ?
- Qui êtes-vous ?
- une amie. "
Misato avait finit par composer le numéro que lui avait laissé Shinji.
" N’appelle que pour une bonne nouvelle ! "
Telles avaient été ses instructions.
‘Désolé, Shinji, mais je pense que tu aimerais savoir, pour Rei’.
" Shinji n’est pas encore arrivé.
- Je vous pris de m’excuser.
Je rappellerais.
- C’est ça. "
Puis, le "clic" d’un combiné qu’on raccroche.
‘Son oncle est décidément très méfiant. Je ne serais pas étonné qu’il éprouve de la rancune envers nous autres, ceux de Tokyo-3…’
Misato était sûre de devoir regretter cet appel.
‘Si j’étais surveillé, Shinji saura être retrouvé’.




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Lieu inconnu
 
 

Rei s’était mise sur son séant.
Le garçon à côté d’elle ressemblait vraiment au Messager.
Elle lui posa la question.
" Tu ressembles à un garçon que j'ai connu.
- Kaoru ?
Qui te dit que je ne suis pas Kaoru ?
- Kaoru est mort.
- Vraiment ?
Pourtant, ne serait-ce pas qu’une incohérence de plus ?
- Peut-être. "
Le garçon se tenait juste à côté de Rei.
" Sais-tu quelle est ma mission ?
- Je suppose que si tu me le demandes, c’est que tu es prêt à me le dire.
- Ma mission est de te séduire. "
Cet être étrange tendait maintenant la main en direction du visage de l’adolescente, et l’effleura avec une tendresse calculée..
" Tu perds ton temps.
Je ne suis pas humaine au point d’éprouver de l’attirance pour ceux de ton sexe.
- Tu crois vraiment ?
Cette fois, l’ambiguïté est en toi, et je vais te le prouver. "
Il n’y eut pas vraiment de transition, mais à la place du garçon, se tenait maintenant Gendô.
" Gendô-kun ! "
Rei bondit et sauta dans les bras de l’homme.
Et c’est bien la voix de Gendô qui poignarda le cœur de la jeune fille.
" Tu vois bien que j’avais raison. Tu sais éprouver l’Amour.
Apprend qu’il n’y a pas vraiment de différences entre l’Amour et la tendresse ".
Rei se dégagea violemment, et gifla l’homme.
" Tu n’es pas Gendô !
- Qu’est-ce qui t’en rend si sûre ?
- Gendô n’éprouve même pas de la compassion pour moi depuis que Yui a disparu.
Il espère juste que le Plan de Complémentarité de l’Homme lui redonnera son bonheur.
- Et que crois-tu que le Plan soit en train d’accomplir en ce moment ?
- Le Plan, c’est juste lever une incohérence !
- Et toi, que crois-tu être pour Gendô !
Penses-tu vraiment qu’il hésiterait à t’aimer s’il ne voyait pas en toi sa propre fille ?
- Tu veux dire qu’il est possible de lever cette ambiguïté-là ?
- Evidemment, comme tout autre paradoxe en cet univers. Le Plan a cette ambition.
Pouvoir lever une incohérence, dans un univers chaotique comme le nôtre, est une puissance supérieure à celle d’un Dieu. "
Rei tétanisée.
" D’un quoi ?
- Tu as bien entendu.
Qui d’après toi est responsable des douleurs de ce monde ?
- Dieu ?
Tu prétends que c’est Dieu ?
- Parfaitement. Du moins pour l’instant.
Libre à toi d’en décider autrement.
- Que veux-tu dire ?
- Tu as la mémoire courte. Quelle est le paradoxe que le Plan t’a demandé de résoudre ?
- Celui de l’origine de l’Homme. Je dois choisir entre la poussière et Dieu.
Mais je préférerais utiliser ma décision pour retrouver Gendô…
Je voudrais choisir d’être sa femme plutôt que sa fille.
- Tu ne peux pas le faire directement. Mais je vais t’aider.
L’âme de Yui est dissoute dans Eva-01. Eva-01 est née de Lilith, elle-même création de Dieu.
Tu vote contre Dieu, donc Lilith n’a jamais existé, et Lilin, autrement dit Yui, n’est jamais mêlée à ces événements qui l’ont fait disparaître.
La Réalité deviendra ce que tu voudrais qu’elle soit.
- Un instant !
- Mm ? "
Rei portait un regard d’une agressivité inhabituelle sur Gendô.
" Quoi que tu dises, tu n’es pas Gendô !
- Je n’ai jamais prétendu l’être.
- Je sais que tu cherches à me manipuler.
Ton discours n’est pas totalement cohérent. Tu prétends vouloir me séduire, mais je trouve que tu parles surtout de théologie.
Et maintenant tu me demandes d’utiliser le Plan pour prendre TA décision ?
Tu devrais savoir qu’on me juge souvent imprévisible. "
Gendô exprimait un mécontentement féroce.
" Ne me dis pas que tu vas choisir un Univers spirituel ?
- Quoi qu’il en soit, je n’ai pas à me laisser influencer.
- Tu es une scientifique, tu ne peux pas préférer Dieu à la poussière !
- Je dois t’apprendre que…
…qu’en tout scientifique sommeille le fantasme d’une réalité subjective.
Et puis une voix m’a donné du temps pour réfléchir. Un temps que tu es en train de me faire perdre.
- Un temps que nous utilisons en ce moment.
Tu en as assez de l’objectivité de la science ?
Mais Dieu est une entité peut-être aussi objective !
- Tant que c’est à moi de décider de l’origine de l’Homme, je n’accepterais que des arguments pertinents.
- Que… "
Gendô n’était plus là.
À sa place se tenait un vieillard.
‘La Seele’, pensa Rei. ‘Je suis dans un monde d’illusion contrôlé par la Seele.’
" De la simple réalité virtuelle. "
Le vieillard avait ouvert la bouche.
Rei posa la question suivante.
"  Vous êtes à visage découvert ?
- Un dernier privilège pour toi.
- Dernier ?
- Désolé, mais nous préférons un monde scientifique.
Tu veux un argument pertinent ?
Si tu persistes à préférer Dieu à la poussière, nous te tuons.
- Pardon ? "
Rei sentit un nœud dans son ventre.
‘Est-ce que je vais mourir ?’
Mais elle devait affronter cette épreuve. Et elle découvrit ce que pouvais être la fierté :
" Mourir ? Ou bien utiliser les arguments de gens de votre espèce pour décider du passé de la Réalité ?
Que feriez-vous à ma place ?
- Pourtant, tu as toi-même avoué posséder un instinct de survie. "
Rei évalua le poids sur son cœur. Elle pensa à tout ce qu’elle avait déjà perdu, e à ce qu’il lui restait.
‘Ma vie. Il me reste ma vie.’
Puis, elle fut prise d’une grande lassitude.
‘Mais même Gendô ne veux pas de cette vie.’
" Je veux vivre ". Tels étaient ses mots. " Mais vous ne me laissez jamais le choix qu'entre deux morts. "
Ensuite elle baissa les yeux.
Le vieillard resta silencieux.
Une minute. Puis deux.
Et enfin, il disparut, laissant un seul mot raisonner dans les murs de la salle virtuelle :
" Adieu… ".




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Salle de réunion de la Nerv
 
 

Cette fois, Gendô n’avait invité que son vice-commandant.
Il avait un mauvais pressentiment qu’il préférait garder pour lui, et il préférait également ne pas exprimer d’inquiétudes devant la femme.
Fuyutsuki arriva à l’heure, et fonça tête baissée dans le débat.
" Commandant, je vous pris de m’expliquer sans délai en quoi le projet Ayanami est une telle priorité ?
- Maintenant tu te calmes. J’avais l’intention de t’en parler.
Nous avons toujours considéré Shinji comme étant le Témoin, celui qui réalisera le Plan de Complémentarité de l’Homme.
Il en avait la potentialité : orphelin de sa mère, pilote d’Eva, victorieux des Anges.
Symboliquement, c’est lui qui aurait dû recevoir le résultat du Plan, et le schéma psychologique dans lequel il aurait été l’aurait conduit à anéantir Dieu.
- La destruction de nos sources divines a toujours été un objectif de la Seele, je suppose. Mais il n’était pas le nôtre.
Je me suis longtemps douté que tu avais des vues personnelles sur le Plan.
Peut-être vas-tu m’expliquer ?
- Inutile.
Shinji éprouve désormais de la compassion pour le Messager. Il ne voudra jamais prendre la bonne décision.
- Cela explique le report de la responsabilité sur Ayanami, et sa capture par la Seele.
- C’est en tout cas ma conviction. "
Fuyutsuki avait eu de nombreuses années pour comprendre qu’il y avait toujours une raison cachée derrière les mensonges de Gendô. Même avec des arguments persuasifs, il était capable d’avoir un but second.
Mais pour la première fois, le vice-commandant sentit vibrer l’homme en son supérieur.
C’est pourquoi il ne dit rien. Il ne fit qu’ajouter une évidence à la conversation.
" Mais Rei n’a jamais fait qu’obéir de toute sa vie. Ces irresponsables de la Seele vont essayer de l’influencer.
- Rei n’a jamais été manipulée. Elle s’est toujours contentée d’obéir.
J’ignore totalement quelle pourra être sa réaction si il lui est demandé quelque chose en rapport avec le Plan.
- Qu’est-ce que tu en déduis ?
- Si elle ne leur donne pas satisfaction, la Seele veillera à ce qu’elle n’ait jamais l’occasion d’exécuter le Plan. "




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Assemblée de la Seele
 

(Anonyme 3) " L’élément Ayanami n’est plus un danger, et nous avons localisé la destination du premier Témoin.
(Anonyme 1) – Est-il possible que nous ne subissions pas le même échec avec lui ?
(Anonyme 2) – Nous devons essayer à nouveau. Ce n’est jamais qu’un peu plus de sang pour nous salire s’il échoue aussi…
(Anonyme 1) – Il ne reste plus qu’à espérer que nous le rattraperons à temps.  "
 

Une heure avant
Une chambre qu’on ne visite pas deux fois
 
 

Ayanami se trouve dans une chambre. Une chambre d’hôpital : ce même blanc sur les murs, ce lit au-dessous d’elle.
Pas de fenêtres.
La porte s’ouvre, deux hommes entrent.
L’un des deux est armé.
‘Ils viennent pour…’
Le premier homme ouvre une mallette, et en sort une seringue.
Et puis il adresse la parole à l’enfant.
" C’est le poison ou le feu. Ça dépend de si tu te laisses faire… "
‘Ils viennent pour me tuer…’
Des larmes coulent sur les joues de la condamnée.
Elle est sûre, maintenant, de ne pas vouloir mourir.
Mais il est un peu tard pour y penser…
" Je voudrais savoir… " demanda l’homme à la seringue.
" Je ne suis qu’un exécutant, mais je pose toujours la question à mes patients.
Et tu es aujourd’hui le plus intéressant de mes patients…
Maintenant que tu sais que tu vas mourir, quelles sont tes pensées ? "
Rei sent le désespoir la rendre folle.
C’est en pleurant qu’elle répond.
" Je…
Je veux vivre…
- Tu me déçois.
Pourquoi répondez-vous tous la même chose ?
Parle-moi de ta dernière pensée. De cette flamme qui brûle en toi, quand tu sais qu’elle en est à son dernier vacillement. "
Rei relève la tête.
" C’est la troisième fois que je meurs.
- Vraiment ?
- Et je comprends enfin ce que l’amour de vivre peut être.
- Ce n’est pas la plus mauvaise réponse que l’on m’ai donnée, finalement.
J’aurais aimé discuter plus longtemps mais, le boulot… "
Rei pense à ce qu’aurait pu être sa vie avec Gendô.
Et elle ferme les yeux une dernière fois.




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Un bus quelconque
 

Le paysage défilait, mais c’était à peu prés la seule chose qui faisait ressembler l’instant à l’ambiance du train.
L’enfant était obsédé par cette vision du Néant qu’il avait eu.
‘Quelle sensation étrange, j’ai l’impression de percevoir le monde pour la première fois…’
Shinji avait traversé de nombreux kilomètres pour en arriver là. Mais qu’étaient ces kilomètres, qu’étaient les distances, les lieux ?
Et si tout cela n’existait pas vraiment ?
Le bus s’était arrêté.
‘Terminus, je suis chez moi’ se dit-il. ‘Je n’ai jamais vécu ici, mais s’il y a mon oncle, c’est chez moi.’
Le quai était désert. Il n’y avait personne.
Il n’y avait rien. Pas d’autres bus, aucuns de ces bancs mis à disposition de ces passagers qui attendent patiemment leur moyen de transport.
Pas même ce bus duquel il venait de descendre.
Quelque chose n’allait pas.
Le garçon réalisa qu’il ne voyait rien.
Ce n’était pas comme si il avait perdu la vue, mais plutôt comme si la dimension visuelle avait disparue de son univers.
C’était même pire que ça : il n’y avait plus aucune perception...
Plus de bruits, plus d’odeurs…
C’était jusqu’à son propre corps qui avait disparu.
‘Le temps qu’il m’avait été donné est épuisé’ pensa-t-il.
‘Je suppose que je vais entendre une voix, maintenant.’
" Shinji-Kun ?
- Je suppose que je dois prendre ma décision…?
Douleur ou joie, Amour ou haine…
Le choix est facile.
J’ai décidé de ne plus souffrir ! "
Aucun indice n’indiqua au Témoin que sa tache était terminée.
Certains l’auraient préférée plus ambitieuse, mais ça lui allait.
Alors qu’il retrouvait son oncle, l’enfant n’avait plus en lui de cette peine qui le blessait.
Kaoru avait été son ami.
Et c’est tout ce que son cœur comprenait, maintenant, et pour toujours…

Fin de la deuxième pensée
pages: 1 * 2 * 3

Gilles Monchoux - 1998

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